mardi 22 juillet 2014

Jugula : du quoi et du comment...

Bonjour à tous,

voici le troisième article sur Jugula, qui sera comme annoncé l'occasion de présenter le jeu plus en détail et les règles de la bête... Un article un peu long : bonne lecture !



Il y a deux choses à dire d'entrée de jeu : d'abord, ça se joue avec des cartes. C'est comme ça. Mais pour les intégristes, on signalera que de petits dés sont imprimés sur les cartes, qui ont plein de fonctions, dont... déterminer "aléatoirement" le résultat d'un combat. Je me permet les guillemets, parce que comme chacun sait, quand il y a deck de cartes et, comme dans Jugula, défausse consultable, et qu'il y a maximum 24 cartes en jeu... le hasard est facile à éliminer.

Ensuite, il y a deux approches du jeu : le combat unique, c'est à dire une petite frite et puis s'en va, et la campagne, qui pour ce qui concerne cette dernière, donne véritablement le sel au jeu... On y reviendra dans un prochain article. On va s'intéresser aujourd'hui au combat : on veut du sang, des tripes, des clameurs velues dans l'arène !

Nombre de gladiateurs et but du jeu

Le Dimachaerius, côté valide et côté blessé... Les cartes sont de toute beauté.

L'intérêt du jeu est qu'il implique assez peu de figurines... il est donc en théorie jouable en peu de temps, une fois que les règles sont maîtrisées et que les réflexes ont été pris dans l'utilisation des cartes... Chaque camp utilise 4 gladiateurs, et le jeu peut se jouer de 2 à 4 joueurs. Dans chaque camp, la composition de l'équipe est libre, la seule contrainte étant de ne pas avoir deux gladiateurs du même type (armaturae) dans une équipe donnée... Deux (ou trois, ou quatre) combattants du même type peuvent évidemment être présents en jeu si plusieurs équipes choisissent le gladiateur en question...

Le but du jeu est assez simple, et peut se résumer en parlant de points : il faut posséder 4 points pour gagner. Un gladiateur adverse blessé rapporte un point (il peut toutefois être soigné par une carte, ce qui enlèverait le point), un gladiateur adverse mis hors de combat (blessé deux fois) est retiré du jeu et compte pour deux points... Il faut donc blesser les 4 adversaires, ou en mettre un hors de combat et en blesser deux, etc. A noter (c'est très agréable) que les gladiateurs blessés ont des capacités moindres que quand ils sont en pleine forme (logique...)...

"Je vous laisse ma carte ?"


Une carte Jugula

On l'a déjà annoncé, Jugula est un jeu qui se joue avec des cartes.

Tout le sel de Jugula se situe dans ces cartes. Elles présentent l'intérêt de ne pas avoir un effet unique, mais de laisser, à chaque fois, un choix difficile à faire. Il y a en fait 6 manières différentes de jouer les cartes dans Jugula :
- la sandale, action de mouvement, indique combien de gladiateurs on peut faire bouger (dans l'exemple ci-dessus, les deux gladiateurs se déplaceraient jusqu'à une distance maximum indiquée sur leur carte de profil)
- le buste, action d'augmentation de la vox populi (soutien du public)... on augmente la valeur de la VP du chiffre indiqué. La vox populi est un élément important du jeu : elle va de 0 à 10, et plus elle est élevée, plus le joueur a des bonus à l'attaque (de +0 à +4, ce qui est très important) et de cartes en main autorisées (de 5 à 10)
- le casque, action d'attaque, le chiffre indique le nombre maximum d'attaque que peut déclencher le joueur ayant joué la carte en question
- les cartes, action de pioche, qui permet de piocher un nombre de cartes égal au chiffre indiqué. C'est la seule manière de tirer des cartes, ce qui signifie qu'un joueur n'ayant qu'une carte en main, et sachant que le jeu ne peut se jouer qu'avec des cartes, ne peut utiliser sa dernière carte que pour cette action de pioche, quelle que soit la situation
- l'étoile (en bas à droite), qui permet d' "acheter" des cartes plus puissantes (les Prima Jugula, comme celle présentée plus bas)... et de les ajouter à notre main. Elles resteront ensuite dans le deck jusqu'à la fin de la partie
- l'événement (le texte) qui permet de déclencher des effets qui peuvent venir contredire légèrement les cartes, et sont parfois vraiment très très intéressants s'ils tombent en ligne avec la stratégie développée par le joueur.

Carte Prima Jugula

Chaque carte donne ainsi un large choix d'actions possibles, et chaque tour, chaque joueur ne peut en choisir qu'une. On joue une carte, on annonce l'effet déclenché, on le matérialise dans l'arène, et on laisse la main au joueur adverse. Autant dire que chaque carte est l'occasion de choix cornéliens.

On mettra une mention spéciale au choix des concepteurs de rédiger, sur les cartes, le texte en français et en anglais... pour quelqu'un qui vit à l'étranger, c'est appréciable !

Des mouvements et des coups



Jugula est un jeu de placement et de déplacement. Le fait de jouer une carte unique (donc un effet unique) a une conséquence particulière pour un jeu de figurines : on ne peut pas se déplacer et attaquer dans le même tour. Certains événements le permettent toutefois, mais ça n'est pas la majorité des cas.

Ainsi, la gestion des déplacements des gladiateurs est extrêmement importante. Les combattants ont une orientation (ils font face à l'un des côtés de la case qu'ils occupent), et peuvent se déplacer dans toutes les directions : les diagonales sont permises. La réorientation est gratuite si elle précède le déplacement, payante sinon. Le fait de quitter une case de front (les trois cases de face d'un gladiateur) implique un malus de mouvement. Enfin, si un gladiateur est pile en face d'un adversaire (dans ce qu'on appelle la "zone de danger"), il ne peut, pour mouvement, que faire face à son adversaire et reculer, avant d'être libre de poursuivre son mouvement.

Le déplacement est donc un élément sensible du jeu, d'autant plus que le fait de coincer des adversaires contre les murs de l'arène ou de leur couper des chemins de retraite peut avoir des conséquences très importantes sur les résultats des combats. Et donc l'issue de la partie. D'une manière générale, le déplacment constitue l'un des défis du jeu, et le joueur capable de prendre l'ascendant dans ce domaine possède un avantage certain dans le jeu.

Pour le combat lui-même, le système est relativement simple. Chaque combattant est défini par 4 caractéristiques : son attaque contre des gladiateurs légers, son attaque contre des gladiateurs lourds, et sa défense, de la même façon, contre chacun de ces types de gladiateurs. On rappelle qu'il existe 6 armaturae (type de gladiateur) légères, et 6 armaturae lourdes dans le jeu. Ces caractéristiques prennent la forme de bonus (de +0 à +5). La position de l'attaquant par rapport au défenseur (front, flanc, arrière, dos) confère également des bonus de ce type. Enfin, la vox populi accorde un bonus à l'attaquant.

Un gladiateur ne peut attaquer que des adversaires se trouvant dans ses cases de front. On voit que le placement, le déplacement, sont des éléments d'une grande importance dans le jeu.

Une fois l'ensemble des bonus à l'attaque et à la défense déterminés, le résultat du combat est déterminé par une nouvelle carte. L'attaquant, puis le défenseur, ont un choix : ils peuvent jouer (face cachée) une carte de leur main OU de la pioche. Une fois les deux cartes posées, on les révèle, et on ajoute au dé situé au bas de la carte les bonus (dé d'attaque + bonus d'attaque, dé de défense + bonus de défense)... On compare les résultats pour déterminer les effets de l'affrontement, qui peut résulter en une victoire du défenseur (il y gagne de la vox populi), une égalité, ou une victoire de l'attaquant qui conduit à repousser l'adversaire (on le déplace), à le repousser ET à le blesser, ou à le mettre directement à terre. Il faut savoir qu'un adversaire qui ne peut être repoussé (contre un mur, par exemple) transforme la poussée en blessure... se laisser enfermer contre les murs peut donc avoir des conséquences fâcheuses...

En guise de conclusion : Jugula est-il un jeu de figurine ? 




Une question un peu provocatrice, mais qui me semble assez juste... De fait, que Jugula soit un jeu de figurine au sens classique, on peut en douter. Et je ne prends pas en compte ici la question des figurines avec lesquelles on joue ou le modélisme qui peut accompagner la fabrication d'une arène... C'est dans les mécanismes même du jeu que la question se pose.

En ce qui me concerne, ce jeu me donne l'impression de jouer à un jeu de plateau, à une partie d'échecs avec des cartes. Et au contraire de ce qu'on pourrait penser de prime abord, c'est une très bonne nouvelle. C'est extrêmement rafraîchissant. Parce que le jeu est simplement excellent. Il laisse la place suffisante à des figurinistes purs, pour faire des peintures très sympa (les figurines de Crusader Miniatures sont sympa, et celles de Gripping Beast, qui s'est associé à Studio Tomahawk pour ce jeu en faisant des figurines 35 mm, également) et des décors bluffants (cherchez sur le images de google...)... Mais il permet également de jouer facilement, avec peu de choses, en vacances par exemple... Un jeu simple à jouer, mais assez complexe à maîtriser. Un bon jeu, simplement, et qui prend toute son ampleur dans le mode campagne... Mais ça, c'est une autre histoire, que je présenterai dans un prochain article.


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